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Défi ultime : Réussir l’ascension du volcan Chachani à 6075m – Tout ce que vous devez savoir avant de tenter l’aventure !

Informations générales

Le volcan Chachani, culminant à 6075 mètres, est l’un des plus hauts sommets de la région d’Arequipa, au sud du Pérou. Situé dans la Cordillère des Andes, ce géant volcanique domine un paysage aride, parsemé de formations rocheuses et de vastes plaines désertiques. Le climat y est particulièrement sec et froid, avec des températures chutant drastiquement la nuit, surtout en altitude. L’ascension du Chachani est possible toute l’année, mais la période idéale se situe entre avril et novembre, durant la saison sèche, où les conditions météorologiques sont plus stables et favorables. Personnellement nous avons réalisé l’ascension début février.

Le Chachani est décrit comme l’un des sommet à plus de 6000m les plus faciles à gravir au monde car l’ascension n’est pas technique et peut être réalisée par des randonneurs en bonne forme physique et suffisamment acclimatés à l’altitude. Il ne faut pas de compétence particulière en alpinisme (pas d’escalade, pas de passage de glaciers, etc) et le seul matériel spécifique sont les crampons si le sommet est enneigé (ce qui n’est pas le cas toute l’année car il fait très sec dans cette région). Mais il faut garder à l’esprit qu’aucun sommet à 6000m n’est réellement facile à cause de l’altitude élevée, qui reste le plus gros défi. En tout cas, pour moi cela a probablement été la randonnée la plus difficile de ma vie.

Il est indispensable de passer par une agence avec un guide pour l’ascension. En effet, il faut compter un trajet de 3 heures en 4×4 depuis Arequipa pour rejoindre le point de départ, le chemin n’est pas balisé, et en haute montagne les conditions peuvent être imprévisibles. Il est donc crucial d’être accompagné par quelqu’un qui a une bonne connaissance du terrain et de l’environnement.

Quelle agence choisir et les tarifs

A Arequipa il y a un grand nombre d’agence qui proposent l’ascension du Chachani, surtout aux alentours de la place des armes. Beaucoup ne sont pas tellement des agences mais juste des personnes qui prennent une commission et vous renverront vers une vraie agence d’excursions en haute montagne pour réaliser l’ascension. Personnellement nous nous sommes faits avoir en allant voir la soit-disant « agence » Andean Tours au coin de la place des armes. Elle nous a proposé l’ascension pour 490 soles/personne (négocié à 450) en nous faisant miroiter une meilleure qualité des services (guides de haute montagne compétents et attentifs, plus petit groupes, etc) mais en réalité le lendemain ils nous ont simplement emmené à l’agence Quechua Explorer (nous avons eu le matériel standard et un guide de l’agence sans aucune qualité supplémentaire comme promis). 

Bref, je conseille donc d’aller directement voir une agence d’excursions en haute montagne qui ont leur propre matériel et guides. Il y a deux agences connues et qui pratiquent des bons prix. La première est Waiky Adventours qui propose l’ascension en groupe (minimum 3-4 personnes) pour 300 soles/ personne matériel inclus. Ils proposent aussi l’ascension avec un guide privé pour 1000 soles. La deuxième agence est Quechua Explorer qui propose des prix et prestations similaires. Ces deux agences incluent dans le prix le prêt de matériel de bivouac (tente, sac de couchage, matelas), des vêtements supplémentaires (pull, pantalon pour la neige, gants, etc) et les crampons. Certains équipements sont en supplément comme les bâtons de randonnée, la lampe frontale, le sac à dos ou les chaussures de montagne. Le matériel de l’agence est très lourd (tente pour 2 personnes de 4 kg par ex), de qualité très moyenne, et il faut en plus emporter 5 litres d’eau par personne, ce qui fait que le poids du sac peut être très conséquent. Si vous avez votre propre matériel de bivouac, vous pouvez le prendre à la place de celui de l’agence et ainsi avoir une réduction sur le forfait. Quechua Explorer possède sa propre zone de campement au Chachani, avec une grande tente pour manger à l’abri, contrairement à Waiky Adventours qui sont sur une autre zone de campement sans abri.

Il y a aussi des guides privés qui proposent leurs services et prêtent du matériel. Le prix est en général plus cher qu’avec une agence si vous êtes seul ou à deux mais il peut être similaire si vous formez un plus grand groupe. Certains guides privés parlent notamment français. Les guides des agences parlent en général espagnol et anglais.

Préparation du matériel avec l’agence

Déroulement de l’ascension – notre expérience

Le jour précédent l’ascension, il faut se rendre à l’agence pour faire vérifier le matériel qu’on a déjà et réserver le matériel qu’on emprunte à l’agence. Personnellement nous avons eu un guide nommé José à l’agence Quechua Explorer mais nous bons été déçus de son attitude car il a à peine vérifié notre matériel (on a dû insister si non il n’aurait rien vérifié) et, lors de l’ascension, il n’était pas assez attentif au bien-être et à la condition des membres du groupe, ni aux différences de rythme de chacun. Je ne sais pas si c’est une généralité au Pérou. Apparemment ils auraient d’autres guides très bons et attentifs (certains guides travaillent pour plusieurs agences). 

Le 4×4 de l’agence

L’ascension s’effectue sur deux jours : le premier jour, on se rend au camp de base où on passe la nuit, et le second jour, on grimpe jusqu’au sommet puis on redescend. Le jour J, l’agence vient nous chercher à notre logement début de matinée, puis on se rend à leurs locaux pour récupérer notre matériel et préparer le 4×4. Nous serons accompagné de 2 autres filles en plus du guide, nous serons donc 5 en tout. Il faut ensuite 3h de route pour arriver au début de la randonnée jusqu’au camp de base. Sur le trajet en 4×4, on passe des paysages très secs puis les paysages de hautes altitude avec des vigognes. Au début de la randonnée l’altitude est déjà de 5000m. Il faut marcher environ 2-3h pour arriver au camp de base qui est à 5200m d’altitude. Au bord du sentier on voit des plantes vertes ligneuses tres dures, les yareta. Ce sont des plantes qui vivent en haute altitude au delà de 3500m et poussent de quelques millimètres par an. Il y a un passage un peu technique où il faut traverser un champ de gros rochers. Si non l’étape n’est pas  particulièrement difficile mis à part le poids du sac à dos.

Arrivés au camp de base, on installe les tentes (au camp de Quechua Explorer il y a différents endroits à plat pour les tentes). La vue du camp est superbe, on voit un sommet enneigé d’un côté et une montagne avec des tons de jaune de l’autre. Fin d’après-midi, on s’entraîne à accrocher ses crampons pour pouvoir les mettre plus vite le lendemain et ensuite on mange le repas du soir préparé par le guide (la tente sur le camp de Quechua Explorer est un vrai plus pour manger à l’abri du vent, il fait froid dehors et le vent accentue cette sensation). On voit près du camp un renard des Andes et des viscahces (petit animal de la famille du Chinchilla) qui viennent manger les restes de nourriture des campeurs. Le soir on va au lit tôt vers 19h. La nuit il gèle à environ -5 degrés (on a retrouvé notre tente et nos bouteilles d’eau complètement gelés) et avec l’altitude on arrive difficilement à dormir. Personnellement j’avais très froid (vive le matériel pourri de l’agence) et j’avais comme une impression de m’étouffer en m’endormant à cause du manque d’oxygène, le cœur qui s’emballe quand je bougeais, etc. Bref, autant dire que j’ai à peine su fermer l’oeil.

Tente au camp de base
Abri au camp de base

Le 2e jour, jour de l’ascension jusqu’au sommet, le réveil sonne à 1h du matin. On se prépare (on ne prendra qu’un petit sac avec des vêtements chauds, de l’eau et des snacks pour l’ascension), on mange un petit déjeuner rapide (pain avec confiture et fromage), puis on démarre l’ascension un peu après 2h. Il y a 900m de dénivelé positif à gravir sur 5 km pour atteindre le sommet culminant à 6075m d’altitude. Ne sous-estimez pas la distance : à cette altitude et avec le dénivelé, la progression est très lente, et l’ascension dure généralement entre 5 et 7 heures. On démarre l’ascension dans le noir à la lampe frontale sur un chemin en zigzags fait de roche volcanique en poussière. Le guide avance lentement car le souffle est court et l’effort plus difficile avec l’altitude (à 6000m il n’y a par exemple plus que 47% d’oxygène dans chaque bouffée d’air comparé au niveau de la mer).

Au lever du soleil

Environ 2h plus tard on arrive sur des plaques de neige gelées et on enfile les crampons. Vers 5h30, le soleil se lève et commence à nous réchauffer. La pente est forte et on continue à monter en zigzags. Les crampons sont vraiment indispensables pour marcher sur la neige gelée sans glisser. On fait des pauses toutes les 45 min environ pour boire et manger. Les 2 filles qui nous accompagnent ont plus rapidement des symptômes du mal des montagnes (vertiges, maux de tête, etc) que nous et peinent à avancer, surtout à l’approche des 6000m. Le guide décide alors d’abandonner nos sacs, que nous récupéreront au retour, et d’avancer plus lentement tout en faisant plus de pauses pour que tout le groupe puisse arriver au sommet. La solidarité dans le groupe est importante. Comme on a qu’un guide, si un membre du groupe doit redescendre accompagné, c’est tout le groupe qui doit redescendre aussi.

Après la grande portion qui monte, on arrive sur une zone plus plate où on aperçoit le sommet au loin…on y est presque! Le seul passage technique est une crête effilée où il faut faire attention de ne pas glisser car la pente est très raide de chaque côté. Vers 9h, après 7h d’ascension, nous arrivons enfin tous au sommet! Quel soulagement et quelle émotion….nous voilà à 6075m d’altitude! Comme nous avons eu un temps très favorable, ensoleillé et avec peu de vent nous avons pu rester au sommet un moment et admirer la vue à 360 degrés. On peut admirer toute une panoplie de volcans dont le célèbre Misti juste en face (5822 m) mais aussi le volcan Sabancaya (5967m) actif qui crache de la fumée. On voit aussi une mine de cuivre au loin et la ville d’Arequipa en contrebas.

La vue au sommet (Misti)
La vue au sommet

Vers 10h, on entame la descente qui prendra environ 2h pour rentrer au camp de base. La descente a été pour moi plus pénible que la montée car j’ai ressenti une grande fatigue après coup. La descente dans la poussière de roche volcanique peut glisser et il faut rester prudent pour éviter les chutes. Au camp de base on se repose un peu avant de ranger nos affaires, replier les tentes et marcher les derniers km (2h) pour atteindre le parking où le 4×4 nous attend. Il faudra encore 3h de trajet pour rentrer à Arequipa…fatigués mais tellement fiers d’avoir relevé ce beau défi!

…on a réussi!

Quel matériel emporter?

Il est conseillé d’avoir un backpack de minimum 50L (idéalement 60L) pour pouvoir y mettre toutes les affaires. Si vous avez du bon matériel de bivouac (tente, sac de couchage, matelas), il est préférable de prendre le vôtre car celui de l’agence est lourd, encombrant et de qualité plutôt médiocre. Il peut faire très froid, surtout la nuit (encore plus s’il fait venteux), il est donc nécessaire d’avoir des vêtements chauds, idéalement à empiler en couches. Le sac de couchage fourni par l’agence n’était pas assez chaud pour moi donc j’ai vraiment eu froid la nuit (insistez peut-être pour avoir un sac de couchage bien chaud). Un bonnet, des gants, et plusieurs paires de chaussettes sont indispensables (aussi mis à disposition par l’agence). Il est aussi primordial d’avoir de bonnes chaussures de randonnée montantes et imperméables. Il n’est pas indispensable d’avoir des chaussures d’alpinisme; des chaussures de randonnée suffisent mais par contre il peut être plus difficile d’y fixer des crampons. L’idéal est de porter des chaussures suffisamment rigides pour que les crampons s’accrochent facilement, sans exercer de pression sur le pied. Si nécessaire, les agences louent des chaussures adaptées. Ne faites pas comme une des membres du groupe qui ne voulait pas prendre les chaussures de l’agence et qui avait des chaussures basses complètement inadaptée…elle avait terriblement froid aux pieds pendant l’ascension et ses crampons ne tenaient pas correctement. 

Il faut aussi minimum 5L d’eau par personne car il n’y a pas d’eau pour le volcan (1L sera prévu pour cuisiner) et des snacks énergétiques (barres énergétiques, biscuits, chocolat, fruits secs, etc) pour l’ascension le 2e jour. Les repas du soir le 1er jour et du matin le 2e jour sont préparés par le guide et inclus dans le prix mais il est indispensable d’apporter des snacks énergétiques et qui se mangent facilement pour avoir de l’énergie régulière pendant la montée (parfois avec l’altitude on a peu d’appétit mais il est vraiment important de se forcer à manger de petits quantités régulièrement). Il faut aussi prévoir le repas de midi pour le 2e jour car on revient généralement à Arequipa dans l’après-midi.

Préparation du 4×4 à Arequipa

Notre avis et nos derniers  conseils

L’ascension du Chachani est un beau défi sportif à relever et la récompense au sommet est incroyable! Il faut une bonne force mentale et un solide esprit d’entraide au sein du groupe pour emmener tout le monde au sommet.La nuit difficile, le réveil à 1h du matin, et l’ascension dans le froid avec le manque d’oxygène exigent un effort physique intense, surtout pour ceux qui ne sont pas habitués aux efforts en haute montagne. Il faut prévoir du repos les jours suivants.

Le guide et la qualité du matériel sont importants pour éviter une expérience déplaisante. Si vous êtes un grand groupe (plus de 5 personnes), il est recommandé de s’assurer qu’il y ait au moins deux guides. Cela permet à une partie du groupe de redescendre si certains n’arrivent pas au sommet, sans pénaliser l’ensemble du groupe en obligeant tout le monde à faire demi-tour. L’ascension du Chachani se rapproche plus d’une randonnée en montagne que de l’alpinisme technique. Les fans d’alpinisme y ressentiront très probablement un goût de trop peu mais il existe bien d’autres sommets à plus de 5000 ou 6000m au Pérou qui pourront ravir les adeptes d’alpinisme et de sensations fortes.

L’acclimatation à l’altitude est essentielle avant de commencer l’ascension du volcan Chachani. Il est recommandé de passer plusieurs jours en altitude, à plus de 3500-4000 mètres, tout en faisant des randonnées pour réduire le risque de mal des montagnes. Chacun réagit différemment à l’altitude; certains ne ressentent presque rien et d’autres sont très affectés (vomissements, maux de tête importants, vertiges, etc), indépendamment de la condition physique. Etre très sportif ne vous prémunit pas du mal des montagnes. Pour certains, le mal des montagnes peut être plus important et empêcher la montée jusqu’au sommet, particulièrement en cas de mauvaise acclimatation. Le jour de l’ascension et les jours avant, il est conseillé de boire énormément pour être bien hydraté et de manger beaucoup de glucides lents pour aider à limiter le mal d’altitude. 

Camp de base

Une bonne condition physique est aussi nécessaire pour réaliser l’ascension, mais sans avoir besoin d’être un athlète (je suis loin d’être une grande sportive…!). Chacun peut monter à son rythme. Réaliser préalablement des randonnées en montagne de plusieurs heures avec du dénivelé est un bon entraînement. Un bon conseil si vous êtes vite essoufflés pendant les ascensions en altitude est de compter 100 pas puis faire une petite pause de 10-20 secondes pour bien respirer et faire redescendre le rythme cardiaque, et ainsi de suite, pour limiter l’hypoxie et ne pas s’épuiser. Il est aussi conseillé de boire et manger des snacks énergétiques régulièrement pendant l’ascension pour être suffisamment hydraté et éviter les hypoglycémies (préparez bien votre matériel et votre nourriture avant le jour J).

Le premier jour, entraînez-vous avec le guide à fixer correctement les crampons sur vos chaussures afin de pouvoir les ajuster facilement le lendemain (le guide ne pourra peut-être pas aider tout le monde). Emportez aussi des bâtons de randonnée qui seront vraiment utiles pour vous aider dans l’effort lors de l’ascension et vous stabiliser lors de la descente.

Alors, prêts à relever le défi ?

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