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Slow travel en Amazonie : comment rejoindre Iquitos en bateau de marchandise – Guide pratique

Les informations de cet article datent de mars 2022.

Le moyen de transport le plus simple pour rejoindre Iquitos, ville au cœur de l’Amazonie péruvienne inaccessible par la route, est l’avion mais y aller en bateau de marchandise est une expérience à vivre si vous voulez côtoyer les locaux pendant un long trajet au fil de l’eau et voyager lentement et différemment.

Carte avec les villes (rouge) et les rivières (bleu) d’intérêt pour se rendre en bateau en Amazonie

Les types de bateaux

Il existe deux types de bateaux pour se rendre à Iquitos: les bateaux rapides et les bateaux lents (que les locaux appellent lanchas) qui sont des bateaux de marchandise qui acceptent aussi les voyageurs. Les bateaux rapides partent tous les jours et prennent grosso modo trois fois moins de temps (p. ex 12h pour faire Yurimaguas-Iquitos et 24h pour faire Iquitos-Pucallpa) que les bateaux lents mais ils sont plus chers. Dans cet article je me concentrerai sur les bateaux lents uniquement.

Où prendre un bateau de marchandise pour aller en direction d’Iquitos?

Il y a deux villes de départ des bateaux de marchandise en direction d’Iquitos: Yurimaguas et Pucallpa. Nous avons personnellement fait le trajet aller depuis Yurimaguas et nous sommes allés jusque Pucallpa pour le retour.

Pour se rendre à Yurimaguas en transports en commun, il faut prendre un bus jusque Tarapoto (différentes compagnies s’y rendent depuis plusieurs endroits, notamment Lima) puis ensuite un colectivo (3h de trajet) jusque Yurimaguas pour 20 soles/personne (voir carte ce-dessous pour le lieu où prendre le colectivo à Tarapoto). A la sortie du colectivo vous pouvez demander à un moto-taxi (tuktuk) de vous emmener au port de Yurimaguas pour quelques soles. Attention, en saison haute (saison humide) il arrive que l’eau déborde dans le port principal donc les bateaux lents partent d’un autre port (port alternatif) pour pouvoir charger les marchandises plus facilement (voir carte ci-dessous). Les bateaux qui partent de Yurimaguas font toujours un arrêt dans la ville de Nauta avant Iquitos. Beaucoup de personnes descendent du bateau à Nauta puis prennent un colectivo pour Iquitos pour épargner plusieurs heures de trajet (et cela au même prix). Nauta est aussi un point de départ intéressant pour les excursions en Amazonie car c’est une plus petite ville qu’Iquitos et plus proche des lieux sauvages à l’écart de la civilisation. Il y a un seul port principal à Nauta.

Carte de la ville de Tarapoto. L’endroit marqué en rouge est le départ des colectivos pour Yurimaguas (maps.me)
Carte de Yurimaguas. Le port pour les bateaux de marchandise et le port alternatif (quand le niveau d’eau est trop haut) sont marqués en rouge (maps.me)

Pour aller à Pucallpa il y a différentes compagnies de bus qui s’y rendent depuis plusieurs endroits, notamment des bus directs depuis Lima. Les terminaux de bus sont en général situés dans le centre ville et il faut prendre un taxi ou moto-taxi (environ 10 soles) pour aller au port (indiqué sur map.me par « bateau pour Iquitos »).

Pour repartir d’Iquitos et prendre un bateau de marchandise vers Yurimaguas ou Pucallpa, il faudra vous rendre au port Puerto Masusa. Attention il y a plusieurs ports à Iquitos et il est possible que des bateaux partent d’un autre port comme le Puerto Henry (en mars 2022 les bateaux de la compagnie Henry ne prenaient pas de passagers à Iquitos). En vous rendant au Puerto Masusa les locaux pourront vous dire si les bateaux partent bien de là, les autres ports n’étant pas très loin en moto-taxi.

Il y a différentes compagnies de bateaux de marchandises qui acceptent les passagers, notamment Eduardo qui est populaire auprès des locaux (mais ce ne sont pas les bateaux les plus récents ni les plus frais, d’ailleurs un des bateaux sur lequel nous étions est tombé en panne en route et on est restés bloqués 2 jours en plein milieu de nulle part le temps d’aller chercher la pièce pour le réparer…!).

Bateaux de marchandises alignés au port d’Iquitos

Bateau de la compagnie Eduardo au port de Yurimaguas

Comment réserver sa place dans le bateau?

Le seul moyen d’assurer sa place dans un bateau est d’aller voir sur place au port et demander le prochain bateau en partance pour la ville de votre choix. Il n’est pas possible de réserver sur internet ni de réserver à l’avance. En général il y a toujours des places disponibles sur les bateaux, mais les derniers arrivés ont les moins bonnes places s’il y a du monde (étages où il fait plus chaud, place dans un couloir où il y a du passage, place à côté des animaux, etc). Il vaut mieux arriver au port le matin.

Combien coûte le trajet?

Le prix dépend de la compagnie et si le bateau est rempli ou non (si le bateau n’a quasi pas de passagers avant de partir ils peuvent faire un meilleur prix). Nous avons pris un bateau de la compagnie Edouardo de Yurimaguas en direction d’Iquitos et d’Iquitos en direction de Puccalpa. Le trajet Yurimaguas-Iquitos sur le bateau qu’on a pris coûtait 120 soles/personne avec un hamac sur le pont (pas de cabine disponible) ou 100 soles/personne de Yurimaguas à Nauta. Le trajet Iquitos-Pucallpa coûtait 150 soles/personne en hamac et 400 soles/personne en cabine. Pour les places en hamac il faut apporter son propre hamac (mais on peut aussi dormir avec un simple matelas par terre ou en tente qu’on peut installer dans le bateau si elle est assez compacte, pour le même prix qu’une place en hamac). Les cabines possèdent 2 lits (planches en bois avec un petit matelas) et une prise électrique, elles permettent de garder ses affaires plus en sécurité et d’avoir plus d’intimité mais sur certains bateaux toutes les cabines sont réservées aux membres de l’équipage et il n’y en n’a pas pour les passagers.

Dans le prix sont compris la place pour dormir, 3 repas par jour et l’accès aux sanitaires (toilettes et douches avec eau de la rivière). Il y a en général quelques prises électriques par pont.

Le paiement se fait en liquide sur le bateau, on peut s’installer où on veut avant de payer et un membre de l’équipage passera pour récolter l’argent et donner un ticket (attention de bien conserver le ticket car il faut le montrer pour recevoir les repas). Un conseil: essayez de payer seulement quand le bateau est parti, ainsi s’il s’avère que le bateau a énormément de retard pour le départ vous pourrez encore changer de bateau et prendre un autre qui part plus vite.

Quels sont les horaires de départ et combien de temps dure le trajet?

Les horaires de départ sont très aléatoires. Certains vous diront que les bateaux partent seulement certains jours de la semaine (nous avons entendu mercredi et samedi pour le trajet Yurimaguas-Iquitos) mais en réalité pas mal de bateaux ne partent pas à l’heure ni au jour prévu. Il vaut mieux demander aux locaux pour savoir quel jour les départs sont prévus. Mais il faut savoir que dans bien des cas il faut attendre un jour ou deux de plus que l’horaire prévu car les bateaux ne partent que quand ils sont remplis. Les deux fois où nous avons pris le bateau nous avons dormi une nuit au port dans le bateau (sans coût supplémentaire) et il est finalement parti avec 1 jour de retard. Dans le port on peut en profiter pour regarder le chargement et déchargement des bateaux, qui se fait entièrement à la main par des ouvriers qui portent de lourdes charges, c’est assez impressionnant!

Le temps de trajet est aussi très aléatoire et assez imprévisible. Il dépend notamment du type de bateau, de la hauteur de l’eau et de la vitesse du courant. Pour le trajet Yurimaguas-Iquitos on nous indiquait 4 jours mais le bateau a finalement pris 2 jours (1 jour et demi jusque Nauta) car le courant était fort et le bateau allait dans le sens du courant. Pour le trajet Iquitos-Pucallpa on nous a indiqué 4-5 jours, nous avons navigué ce nombre de jours mais nous avons passé presque 8 jours sur le bateau car il est parti un jour en regard et est tombé en panne pendant 48h pendant le trajet. En général il faut compter plus de temps en saison basse (saison sèche) qu’en saison haute (saison humide) et plus de temps pour faire Pucallpa-Iquitos que Yurimaguas-Iquitos (et inversement) car la distance est plus longue (environ 1000 km vs 400 km). Mais dans tous les cas prévoyez suffisamment de temps pour le trajet en cas d’imprévu, par exemple nous avons eu une panne de bateau qui a rallongé le trajet de 2 jours.

Comment se passe la vie sur le bateau ?

Nous avons pris 2 fois un bateau de la compagnie Eduardo, mais l’organisation sur les bateaux des autres compagnies est souvent la même.

On installe son hamac sur le pont la où il y a des places disponibles et on met ses affaires en dessous des hamacs. Les hamacs permettent de se reposer la journée et dormir la nuit. Il ne faut pas être dérangé par la proximité avec d’autres gens et le fait d’avoir peu d’intimité pendant plusieurs jours (chaque pont peut souvent accueillir 50 à 70 personnes). Dans le premier bateau nous avions 4 toilettes + douche (le WC est dans la même cabine que la douche) et dans le deuxième 2 toilettes + douche pour une centaine de passagers ainsi que plusieurs éviers (il faut avouer que les sanitaires n’étaient pas toujours très propres, surtout que certains péruviens n’ont pas tellement le sens de la propreté…certains crachent où jettent leurs déchets en dessous des hamacs voisins ou des enfants font pipi par terre dans les sanitaires par exemple…).

Les journées sont rythmées par les levers et couchers du soleil (qui sont d’ailleurs magnifiques à observer quand le ciel est dégagé). Il y a 3 repas prévus par jour, en général à 7h du matin, 11-12h et 17h. Il faut faire la file pour recevoir le repas dans son propre récipient. Le matin on a en général un mélange d’eau chaude avec un tout petit d’avoine/riz, du sucre accompagné de pain, et à midi et le soir par exemple du riz, bananes plantains bouillies, lentilles, soupe ou pâtes (parfois avec un peu de viande ou poisson). En général les passagers se réveillent vers 6h du matin quand le soleil se lève et beaucoup vont dormir vers 21h. Les toilettes/douches sont souvent fort occupées le matin au lever et le soir après le repas (il est mieux de prendre sa douche tôt avec que la plupart des gens se lèvent ou bien en milieu de journée). Pendant la journée chacun s’occupe comme il l’entend: en lisant, en regardant les paysages avec les forêts et communautés de l’Amazonie défiler, en se reposant, en jouant, etc (et les péruviens en jouant beaucoup sur leur smartphone 😅). Les bateaux s’arrêtent dans des villages isolés de l’Amazonie pour prendre ou déposer des personnes ou des marchandises. Aux arrêts il y a souvent des gens qui montent sur le bateau pour vendre des snacks, repas, boissons, etc à petits prix.

Que faut-il prévoir pour le trajet?

Il faut prévoir un hamac ainsi que 2 cordes pour l’accrocher si vous voulez dormir sur le pont, ainsi qu’une petite couverture ou une veste car il fait un peu frais la nuit avec les courants d’air. Les hamacs se trouvent facilement dans les villes de départ pour environ 30 soles. En cabine il y a un matelas mais il est utile de prévoir également une couverture fine ou une veste. Il n’y a pas d’eau potable sur le bateau (l’eau des robinets et sanitaires est de l’eau de la rivière, il est possible de la boire après filtration ou stérilisation avec un Steripen par exemple mais la qualité reste médiocre et l’eau est brune à cause de toute la terre charriée par la rivière). Le mieux est de prendre suffisamment d’eau potable en bouteilles ou en bidons. Les repas sont fournis sur le bateau, en général seulement quand celui-ci est en route (s’il part en retard il faudra en général prévoir votre nourriture pendant le temps d’attente mais il est possible de trouver facilement des repas et snacks aux ports pour quelques soles auprès des vendeurs ambulants). Il est utile de prévoir quelques snacks si les repas ne sont pas assez copieux pour vous. Il faut aussi prévoir du papier toilette et savon (non fournis pour les sanitaires) ainsi qu’une boîte type tupperware pour les repas. Si vous dormez en hamac sur le pont, un cadenas pour sécuriser votre sac peut être utile pour éviter les vols.

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