Canyon de Cotahuasi: un trek de 3 jours sans agence et sans tente

En février 2022 nous nous sommes rendu au canyon de Cotahuasi, le plus profond canyon du continent américain. Nous y avons notamment réalisé un trek de 3 jours et 3 nuits, sans agence et sans matériel de camping.

Le canyon de Cotahuasi: informations générales et possibilités de treks et randonnées

Le canyon de Cotahuasi, aussi appelé « canyon des merveilles », se situe à environ 400 km au nord-ouest de la ville d’Arequipa. Formé par l’érosion de la rivière le traversant, il est considéré comme le canyon le plus profond du continent américain, avec une profondeur maximale de 3535 m et une longueur de plus de 200 km. Il est 335 m plus profond que le célèbre canyon de Colca. Le canyon fait partie de l’aire naturelle protégée « Réserve paysagère du bassin de Cotahuasi » (Reserva Paisajística de la Subcuenca del Cotahuasi), entourée d’imposantes montagnes enneigées telles que Coropuna et Solimana, et où il existe une harmonieuse relation entre l’homme et la nature. L’altitude autour des principaux villages varie de 1500 m à plus de 4500 m. L’histoire et la culture sont aussi importants dans le canyon, avec notamment des sites archéologiques d’intérêt.

La saison des pluies s’étend de décembre à mars, et la saison sèche d’avril à novembre. La saison sèche est plus conseillée pour voyager au canyon de Cotahuasi mais les précipitations ne sont pas très abondantes en saison des pluies donc il est possible d’y randonner sans problèmes toute l’année. Les températures varient en fonction de l’altitude, allant de 8 à 28 degrés.

Les activités touristiques principales qu’on peut réaliser dans la région sont les randonnées où on peut profiter des paysages et sites naturels particuliers (forêts de pierres, cascades, forêts de cactus, etc), visites de villages typiques et de sites archéologiques ainsi que la détente dans les complexes thermaux avec de l’eau aux propriétés médicinales et relaxantes. Les possibilités de randonnées à la journée et de treks de plusieurs jours sont multiples, surtout si vous possédez une tente mais il est aussi possible de réaliser des treks en faisant étape dans des villages où on peut trouver un hébergement.

La carte ci-dessous est très utile pour visualiser les villages, routes et chemins du canyon ainsi que les possibilités de randonnées, logements, stations thermales, sites archéologiques et naturels à voir, etc. Le site web où elle peut être téléchargée en haute définition est ici.

Les cartes touristiques ci-dessous montrent des idées de randonnées dans le canyon en fonction de votre objectif:

Comment se rendre Au canyon de Cotahuasi?

Il y a des bus de plusieurs compagnies qui partent tous les jours d’Arequipa en direction de la ville de Cotahuasi, normalement uniquement des bus de nuit. Le trajet dure environ 8 à 10 h. Il y a aussi normalement un bus par semaine qui part de Lima (le trajet Cotahuasi-Lima n’est possible que le mardi en journée) mais il faut réserver suffisamment longtemps à l’avance car il est souvent complet quelques jours avant le départ.

Où loger à Cotahuasi ?

Cotahuasi est la ville centrale du canyon où se trouve le terminal des bus. Elle peut servir de point de base pour visiter le canyon. Nous avons logé à l’auberge Hostal Aymaña situé à deux pas du terminal des bus. Il est possible de réserver à l’avance par téléphone (voir contact sur Google Maps). L’établissement est très propre et les chambres sont confortables et avec salle de bain privée. Par contre il n’y a pas de cuisine ni internet à disposition. Comptez 50 soles pour une chambre double pour 2 personnes. Il y a également d’autres hôtels dans la ville dont certains sont aussi référencés sur Google Maps.

Trek de 3 jours: itinéraire et infos pratiques

Le trek va de villages en villages et à chaque étape il est possible de dormir en auberge ou chez l’habitant. Vous trouverez l’itinéraire schématisé sur la carte ci-dessous. Le temps indiqué pour chacune des étapes détaillées ci-dessous comprend le temps de marche mais aussi les pauses, arrêts photos ou pour observer le paysage, etc. J’ai un rythme plutôt très lent donc si vous marchez vite comptez moins de temps. Tous les sentiers sont répertoriés sur maps.me, qui est très utile pour se repérer en cours de route.

Étape 1: Charcana – Quechualla (~ 20 km, 1800m D-, 8-9h)

Pour commencer cette étape il est nécessaire de prendre un bus de Cotahuasi à Charcana, un village situé à 34 km de Cotahuasi et à 3417 m d’altitude. Il y a un seul bus par jour qui part à 15h du terminal des bus de Cotahuasi (jadis il y avait un autre bus à 5h du matin mais en février 2022 il ne circulait plus). Il faut compter environ 2h30 de trajet. Les paysages lors du trajet sont magnifiques, le bus emprunte un chemin qui monte dans le canyon, ce qui offre une vue splendide sur tout le canyon. Le bus passe dans des petits villages isolés où il s’arrête pour prendre ou déposer des gens et des marchandises. Comme le bus arrive fin de journée il est nécessaire de dormir dans le village et commencer le trek le lendemain. Il y a une auberge en descendant la rue à droite de l’église située sur la place principale mais elle était fermée quand nous nous y sommes rendus. Nous avons finalement trouvé l’hospitalité un peu plus loin dans la rue chez « El Tío » où un homme et une dame âgée nous ont proposé un lit (ils accueillaient ses gens régulièrement avant le COVID mais ça faisait 2 ans qu’ils n’ont aussi plus vu aucun voyageur).

La première étape est une longue journée donc il vaut mieux partir le plus tôt possible, surtout au vu des fortes chaleurs dans l’après-midi. Le sentier suit d’abord le flanc du canyon sur les 11 premiers km (relativement plat) puis il descend dans le canyon avec un dénivelé négatif d’environ 1800 m en 9 km pour arriver à la rivière dans le bas du canyon. Les paysages sont très beaux tout au long de l’étape: vues sur le canyon, petites maisons de campagne au bord du sentier, fermes avec des terrasses cultivées, cactus, etc. Attention à certains endroits où il y a plusieurs sentiers comme au km 5 après la fermette: si on arrive face à une barrière à franchir au milieu du sentier cela signifie qu’on n’est pas sur le bon chemin. Un autre endroit où on peut facilement se tromper est le village de Picha au début de la descente où il faut prendre un sentier à gauche au milieu du village au lieu de continuer jusqu’au fond du village. Le dernier endroit d’attention est à la fin avant d’arriver à Quechualla : en arrivant près de la rivière il faut traverser des ruines d’anciens bâtiments et aller tout au fond pour apercevoir un pont à traverser.

A Quechualla il y a 2 auberges dans le fond du village (indiquées sur maps.me). Nous avons été à l’Hospedaje Las Viñas, les propriétaires étaient très sympathiques et c’était propre. Ils font du vin sur leur propriété et on y était justement en pleine saison des vendanges donc on n’a pu voir comment ils faisaient le vin de manière artisanale. Tout au long du trek les habitants nous ont offerts des raisins, très bons et sucrés !

Étape 2: Quechualla – Velinga (~ 10 km, 4-5h)

Cette étape se déroule majoritairement sur la route en terre qui longe la rivière, c’est relativement plat avec de légères montées et descentes. Les paysages restent tout aussi époustouflants: vue sur la rivière et les parois rocheuses du canyon avec plein de couleurs différentes, cactus géants au bord de la route, etc. A la fin il y a comme une falaise de 200m D+ à monter via un petit sentier en serpentins. Apparemment il est maintenant aussi possible d’emprunter une route carrossable qui démarre un peu avant au niveau des maisons qui bordent la rivière. Arrivés à Velinga nous avons rencontrés 2 jeunes du village qui nous ont accueillis pour la nuit. Sur maps.me un logement est indiqué mais nous ne savons pas s’il est toujours possible d’y passer la nuit. Le village est petit mais les habitants accueillants et ils n’hésiteront pas à vous trouver un endroit pour dormir.

Étape 3: Velinga – Cotahuasi (~ 25 km mais possibilités de réduire en prenant un bus et/ou taxi, notre option fait ~ 8 km, 4-5 h)

Cette étape est très longue et avec un dénivelé important à certains endroits, c’est pourquoi il est préférable de la raccourcir en faisant une partie du trajet en bus et/ou taxi (voire en stop). Il y a un bus qui part chaque jour de Quechualla en direction de Cotahuasi vers 8h-8h30. C’est le seul bus de la journée (dans l’autre sens il y a un bus qui part de Cotahuasi vers Quechualla à 5h du matin). Voici personnellement ce que nous avons fait: on est parti de Velinga vers 6h du matin et on a marché jusqu’au Bosque de Cactus (« forêt de cactus ») de Julio Pampa, indiqué sur maps.me (environ 1h-1h30 de marche pour 3 km). La route monte légèrement tout le long. Le Bosque de Cactus est assez impressionnant, les cactus sont gigantesques (ils peuvent faire jusque 15m de haut). Ensuite nous avons un peu continué la route à pied, nous avons attrapé le bus qui passe en direction de Cotahuasi et nous avons indiqué au chauffeur que nous voulions descendre à la cascade de Sipia (catarata de Sipia). Cela nous a épargné 10 km à pied et un dénivelé positif et négatif important.

Le bus nous dépose au debut du chemin vers la cascade. Il faut marcher 1 km (15-20 min) jusqu’à un point de vue sur la cascade qui est vraiment impressionnante et les couleurs du canyon superbes! L’eau de la cascade se précipite sur 150m de chute libre. Ensuite nous avons marché le chemin retour de la cascade puis continué un peu sur la route. Après, la solution pour ne pas devoir faire toute la route à pied jusqu’à Cotahuasi (avec dénivelé de ~ 600m D+ à la fin) est de prendre un taxi ou éventuellement de tenter de faire du stop une fois arrivé sur la route principale en asphalte. On a pu demander un numéro de taxi au niveau d’une ferme environ 1 km après la cascade de Sipia (l’idéal est de demander un numéro de taxi à Cotahuasi avant de faire le trek) mais attention il y a très peu de réseau pendant tout le trek et on a dû marcher encore un peu pour trouver un endroit avec du réseau afin d’appeler le taxi pour nous ramener à Cotahuasi. Pendant le trajet on a eu la chance de voir des condors!

Notre expérience et et notre avis sur le trek

Nous avons vraiment bien aimé ce trek. La région est peu fréquentée par les touristes, les habitants sont contents de voir des visiteurs et sont très sympathiques (c’est peut-être la région du Pérou ou nous avons trouvé les habitants les plus accueillants et chaleureux). Les paysages sont splendides et dépaysants par rapport au reste du pays. Le trek n’est pas très difficile ni technique mais la première étape est longue et le gros dénivelé négatif peut être éprouvant si vous avez tendance à avoir des douleurs aux genoux.

Quel matériel emporter

En journée il peut faire très chaud dans le canyon, particulièrement en plus basse altitude et quand le soleil sort. Il y a également beaucoup de poussière sur les chemins. Je conseille de prendre des vêtements légers mais couvrants pour vous protéger du soleil et de la poussière. Le soir il fait plus frais et une veste peut être nécessaire, surtout le premier jour plus haut en altitude. Bien qu’il fasse en général sec, emportez également une protection pour la pluie en cas d’averse ou d’orage, particulièrement en saison des pluies. Des bâtons de marche et des bonnes chaussures de randonnée sont vivement conseillés, particulièrement pour le premier jour (fort dénivelé négatif, chemins caillouteux). Un sac à viande (drap) peut également être utile pour dormir dans certains logements chez l’habitant si la literie laisse à désirer.

Il est possible de trouver à manger dans les villages (snacks et fruits dans des petites tiendas par exemple) mais je conseille tout de même de prendre assez de vivres et surtout assez d’eau car la chaleur implique de boire beaucoup. Lors des différentes étapes il est possible de se ravitailler en eau auprès des maisons sur les sentiers si nécessaire mais c’est parfois de l’eau non potable (issue de la montagne) qu’il est vivement conseillé de la stériliser (filtre, pastilles, lampe UV, etc). Des bouteilles d’eau peuvent être trouvées dans les villages-étapes.

Budget

Les différents coûts des transports et logements sont détaillés ci-dessous:

Transports

• Bus Cotahuasi – Charcana: 10 soles/personne
• Bus Quechualla – Cotahuasi: 11 soles/personne (moins cher si vous ne faites pas le trajet complet)
• Bus Bosque de Cactus – Cascade de Sipia: 5 soles/personne
• Taxi cascade de Sipia – Cotahuasi : entre 40 et 50 soles pour la course

Logements

Globalement les logements sont abordables dans la région et moins chers que dans d’autres endroits plus touristiques du pays.

• Cotahuasi : auberge Hostal Aymaña en face du terminal: 50 soles pour deux personnes pour une chambre double avec TV et salle de bain privée (eau tiède). Sans internet ni cuisine.
• Charcana: il y a une auberge dans la rue qui descend à droite de l’église mais elle était fermée et nous ne connaissons pas le prix. Les habitants chez qui on a logé (quelques dizaines de mètres plus loin en face de l’auberge, demandez « El Tío » aux locaux) n’ont pas demandé d’argent mais on a donné une petite somme en échange de la chambre et la nourriture.
• Quechualla : Hospedaje Las Viñas: 30 soles pour deux personnes pour une chambre double avec salle de bain commune (eau chaude). Il y a aussi une autre auberge similaire dans la même rue.
• Velinga: on a logé gratuitement chez des habitants rencontrés dans le village. Nous ne savons pas s’il existe une auberge ou autre logement officiel (sur maps.me un logement est indiqué mais on ne sait pas si c’est encore d’actualité en 2022). Si vous ne trouvez pas de logement officiel, il y a toujours moyen de demander un lit chez les habitants, ils sont très accueillants et sont prêts à aider les rares visiteurs.

En résumé, ce trek de 3 jour nous a permis de découvrir le canyon de Cotahuasi et les habitants qui y vivent et nous le recommandons aux amoureux de randonnée qui visitent la région. De nombreuses autres possibilités de randonnées et treks sont possibles dans le canyon, notamment une belle randonnée à la journée au Bosque de Piedras Huito près de Pampamarca (article en préparation). La région est aussi connue pour ses thermes qui permettent de se relaxer à tout petit prix (article en préparation).